Ils sont dans le collimateur

Que s’est-il passé le mardi 13 novembre à la centrale de Saint-Martin-de-Ré? L’administration pénitentiaire nie tout incident et refuse de répondre aux questions. Officieusement, pourtant, la prison aurait été le théâtre ce jour-là d’un «blocage» comme il s’en produit de temps en temps.


Quelque 80 détenus ont «fait du tapage» dans la cour, à l’heure de la promenade, raconte la mère de l’un d’eux.

Il leur a fait dire que s’ils continuaient, il ferait intervenir les équipes de sécurité.

Ensuite, en représailles, les surveillants les ont empêchés de regagner leurs cellules.

Ils les ont obligés à rester dans la cour alors qu’il faisait très froid.

Dans la soirée, un détenu, considéré comme le meneur, a été expédié au centre de détention de Poitiers-Vivonne.

«Sans même pouvoir prendre ses affaires», dénonce un proche.

Les détenus ont à nouveau manifesté le lendemain par solidarité avec lui.

Ce n’est pas le premier mouvement de grogne à Saint-Martin, ni le dernier.

À ce cahier de doléances commun aux 191 établissements de l’administration pénitentiaire, s’ajoute une spécialité bien rétaise : la fameuse «équipe 4», des surveillants dont un rapport du Contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, pointait déjà en 2009, avec un grand sens de l’euphémisme «les pratiques professionnelles plus rigoureuses que les autres».

Les douches sont souvent froides quand ils sont de service, rapporte un témoignage, l’accès aux cabines téléphoniques est plus compliqué.

Ils cherchent systématiquement la petite bête, ils font monter la pression, ils veulent pousser les détenus à la faute.

Les services de Jean-Marie Delarue sont revenus en 2011 à Saint-Martin pour une nouvelle visite.

Le documentariste Stéphane Mercurio les accompagnait à travers leurs tournées d’inspection pour montrer le quotidien de la prison.

Dans son film «À l’ombre de la République», sorti au printemps, on entend les détenus se plaindre à nouveau de l’équipe 4 et un contrôleur stigmatiser «une équipe de surveillants qui feraient une application extrêmement stricte du règlement avec un certain nombre de dérapages individuels».

Le rapport du contrôleur général est depuis six mois sur le bureau de la garde des Sceaux, Christiane Taubira.

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