La “royan”, une minuscule sardine

Alors tu vas manger des royans ! Les royans de Royan, c’est comme les marennes de Marennes. Sauf que c’est des sardines, et pas des huîtres. Sardine : animal sans tête qui dans une seconde vie se complaît dans la promiscuité oléagineuse des boîtes métalliques, tête-bêche (même s’il n’en a plus de tête!) avec une demi-douzaine de ses semblables. Le pêcheur charentais s’en allait la cueillir avec son filet au large de Royan, précisément où la bête circulant en troupeau (en banc, si vous préférez) avait coutume de passer au cours de sa migration annuelle.

Le gourmet assurait que c’était à ce moment que sa chair était la plus savoureuse, la plus fine, la plus tendre.

On raconte même que quelques sardines au cours de la transhumance s’égaraient dans les eaux du port pour le plus grand bonheur de la population qui sortait alors les cannes à pêche.

(La vérité nous oblige à préciser que la mythologie locale, alimentée par la modestie légendaire des Charentais de la mer, n’a jamais fait de la royan un animal prompt à boucher le port, comme c’est souvent le cas à Marseille par exemple.)

Le bipède de nature curieuse entame sa quête d’authentique royan.

De la vraie, de celle qui fit saliver le connaisseur et chanter le poète.

La scène se passe au marché de Royan, sous le grand parachute blanc, ventre de la cité dont la population affamée est multipliée par dix les mois d’été.

Au banc de poissons de Frédéric : “Bonjour M. le poissonnier, avez-vous des royans ?”

Ça n’existe plus depuis longtemps, longtemps, longtemps… La sardine, maintenant elle nous vient de Vendée ou de Bretagne, plus de Royan. “La royan est partie mais le nom est resté et désigne maintenant n’importe quelle sardine. C’est tellement plus chic !”.

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