Eglises menacées et restaurées

Eglises menacées et restauréesEglises menacées et restaurées. Tandis que l’archevêché bordelais mettait récemment en vente deux de ses églises sur Internet, c’est aux bons soins des bulldozers que la société Eiffage a confié, la semaine passée, la chapelle des Rimains, à Cancale (Ille-et-Vilaine). Loin des ors du Vatican, nombre de chefs-d’oeuvre seraient ainsi en péril dans cet Hexagone qui ne sait toujours pas les compter.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, pas plus l’institution religieuse que l’une des pléthoriques administrations n’aura en effet été capable de recenser avec précision le nombre d’églises catholiques, de temples protestants et de chapelles orthodoxes !

De 40 000 à plus de 100 000, l’écart reste d’ailleurs si peu mince qu’il incite aujourd’hui à quelques vives querelles de clochers.

Selon l’Observatoire du patrimoine religieux, se fondant sur un rapport du Sénat, pas moins de 5 000 à 10 000 édifices, pourtant classés, seraient ainsi promis à l’abandon ou à la ruine d’ici à 2030.

Sauf que, entre l’évidente crise de foi vidant chaque week-end un peu plus les églises et celle de mauvaise foi, certains semblent s’être soumis à la tentation catastrophiste.

«À vouloir trop bien faire, ils vont trop loin», assure Benoît de Sagazan, rédacteur en chef du «Monde de la Bible».

Mais, à l’ombre de nos 86 cathédrales – propriétés de l’État depuis 1789 -, captant une bonne partie des 100 millions d’euros réservés au patrimoine religieux des monuments historiques, les catholiques des champs savent certains de leurs villages bel et bien contraints de faire voeu de pauvreté, quand bien même la loi de 1905 impose l’entretien des églises aux maigres finances communales (1).

D’autant plus ruineuses à rénover que seules 12 000 sont classées, beaucoup de coquilles vides ont d’ailleurs déjà définitivement été fermées à double tour, faute de pèlerins ou de prêtres.

C’est donc aussi désormais grâce au mécénat populaire ou d’entreprises que plusieurs associations tentent de boucher les trous.

À l’instar notamment de la Fondation du patrimoine, qui, outre ses bonnes oeuvres laïques, a également mis en place des centaines de collectes locales.

«Modestes, méconnus, d’innombrables petits édifices vernaculaires ponctuent nos paysages et en font la diversité», plaide son porte-parole, en faveur de ce «trésor des humbles».

Parmi les 802 nouvelles souscriptions lancées l’an dernier, 590 concernaient le patrimoine religieux, dont une cinquantaine en Aquitaine.

Selon la Fondation du patrimoine, seulement une vingtaine d’églises auraient été démolies depuis le début des années 2000, révélant sans doute même là un solde positif une fois additionné le nombre de clochers nouvellement érigés, comme bientôt encore dans l’écoquartier bordelais Ginko.

Entre les vendeurs et les marchands du Temple, ce business encore marginal ne fait d’ailleurs sans doute que commencer, encouragé par les modèles québécois ou anglais.

(1) Les lieux de culte édifiés après 1905 appartiennent à l’archevêché

Résumé art Sylvain Cottin de Suouest



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